terça-feira, 14 de dezembro de 2021

LA MORT DU LOUP / A MORTE DO LOBO, de Alfred de Vigny

 



I



Les nuages couraient sur la lune enflammée

Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,

Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.

Nous marchions, sans parler, dans l'humide gazon,

Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,

Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,

Nous avons aperçu les grands ongles marqués

Par les loups voyageurs que nous avions traqués.

Nous avons écouté, retenant notre haleine

Et le pas suspendu. -- Ni le bois ni la plaine

Ne poussaient un soupir dans les airs; seulement

La girouette en deuil criait au firmament;

Car le vent, élevé bien au-dessus des terres,

N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,

Et les chênes d'en bas, contre les rocs penchés,

Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.

Rien ne bruissait donc, lorsque, baissant la tête,

Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête

A regardé le sable en s'y couchant; bientôt,

Lui que jamais ici l'on ne vit en défaut,

A déclaré tout bas que ces marques récentes

Annonçaient la démarche et les griffes puissantes

De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.

Nous avons tous alors préparé nos couteaux,

Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,

Nous allions, pas à pas, en écartant les branches.

Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,

J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,

Et je vois au delà quatre formes légères

Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,

Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,

Quand le maître revient, les lévriers joyeux.

Leur forme était semblable et semblable la danse,

Mais les enfants du Loup se jouaient en silence,

Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,

Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.

Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,

Sa Louve reposait comme celle de marbre

Qu'adoraient les Romains, et dont les flancs velus

Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.

Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,

Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.

Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,

Sa retraite coupée et tous ses chemins pris;

Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,

Du chien le plus hardi la gorge pantelante,

Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,

Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair,

Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,

Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,

Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,

Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.

Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.

Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,

Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang;

Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.

Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,

Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,

Et, sans daigner savoir comment il a péri,

Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.



II



J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,

Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre

A poursuivre sa Louve et ses fils, qui, tous trois,

Avaient voulu l'attendre; et, comme je le crois,

Sans ses deux Louveteaux, la belle et sombre veuve

Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve;

Mais son devoir était de les sauver, afin

De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,

A ne jamais entrer dans le pacte des villes

Que l'homme a fait avec les animaux serviles

Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,

Les premiers possesseurs du bois et du rocher.



III



Hélas! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,

Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes!

Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,

C'est vous qui le savez, sublimes animaux!

A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,

Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.

-- Ah! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,

Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur!

Il disait : « Si tu peux, fais que ton âme arrive,

A force de rester studieuse et pensive,

Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté

Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.

Gémir, pleurer, prier est également lâche.

Fais énergiquement ta longue et lourde tâche

Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,

Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler. »





Écrit au château du M***, 1843

(Les Destinées -posthume)



Tradução José Lino Grünewald:



I



Corriam nuvens sobre a lua incendiada

Qual sobre o incêndio vê-se fugir a fumaça,

E os bosques eram negros até o horizonte.

Andávamos calados pela úmida relva,

Pela urze espessa, nas charnecas elevadas,

Quando, sob os abetos iguais aos das Landes,

Nós percebemos as imensas marcas de unhas

Dos lobos viandantes aos quais perseguíamos.

Nós escutamos, suspendendo o nosso fôlego

E o passo interrompido – No bosque, na várzea

Nenhum suspiro solto nos ares; somente

A ventoinha em luto gritava pro céu;

Pois levantado o vento por cima das terras,

Só roçava seu sopro em torres solitárias,

E os carvalhos embaixo, ante as rochas pendidas,

Nos cotovelos pareciam estirados

Nenhum ruído, quando, baixando a cabeça,

O caçador mais velho entre os que iam na busca

Encarou o terreno ao se deitar; e logo,

Ele a quem nunca aqui se viu perder a pista,

Disse bem baixo que aquelas marcas recentes

Indicavam pegadas e garras potentes

De dois imensos linces e de dois filhotes,

Então nós todos ajustamos os facões,

E, ocultando os fuzis e seus brilhos bem brancos,

Seguimos passo a passo e afastando os galhos.

Três param e eu, a procurar o que eles viam,

Percebo de repente dois olhos em flama,

E diviso adiante quatro tênues formas

Dançando sob a lua no meio das urzes

Qual fazem todo dia, bem ruidosamente,

Quando o senhor retorna, os galgos radiantes.

Semelhantes nas formas e na sua dança;

Mas os filhos do Lobo em silêncio brincavam

Sabendo que ali perto, a dormir de olho aberto,

Deita-se nos seus muros o inimigo, o homem.

Seu pai de pé e, mais distante, junto a uma árvore,

A loba repousava, tal aquela em mármore

Que os romanos prezavam, o colo felpudo

Contendo os semideuses, que eram Remo e Rômulo.

Vem o lobo e se assenta, erguidas duas pernas,

Com suas unhas curvas no solo enterradas.

Julgava-se perdido, pois estava pasmo,

Ficam sem saída e os caminhos tomados;

Então prendeu com sua goela abrasante,

Só do cão mais audaz a garganta ofegante,

E não mais afrouxou suas férreas mandíbulas.

Malgrado nossos tiros varando-lhe a carne,

E as afiadas facas que, como tenazes,

Cruzam-se ao mergulhar em tais amplas entranhas,

Até o último instante onde o cão esganado,

Morto muito antes, sob o pé dele rolara.

O Lobo larga-o então, depois ele nos mira.

As facas enfiadas nele até o cabo,

Imóvel sobre a relva, banhado em seu sangue;

Cercavam-no os fuzis em sinistro luar.

Ele ainda nos olha, em seguida se estira,

Lambendo todo o sangue espalhado na boca,

Sem dignar-se saber como é que pereceu,

Cerrando os grandes olhos, morto sem um grito.



II



Reclinei minha fronte no fuzil sem pólvora,

Começando a pensar, e não pude decidir-me

A perseguir a Loba e seus filhos – os três

Queriam esperá-lo e, como eu acredito,

Sem os lobinhos, a linda e lúgubre viúva

Não o deixado, só, correndo o grande risco;

Mas era seu dever salvá-los com o fim

De poder ensinar-lhes a sofrer a fome,

A não entrar jamais no acordo das cidades

Que o homem fez com esses animais servis,

Cães que caçam para ele, para ter seu leito,

Os primeiros posseiros do bosque e rochedo.



III



Ah! pensei, apesar do grandioso nome Homens,

Quanta vergonha guardo em nós – débeis que somos!

Como deixar a vida e todos os seus males,

São os lobos que sabem, santos animais.

Vendo na terra o que se foi e o que se lega,

Só o silêncio é grande; o resto é só fraqueza.

– Ah! eu bem te entendi, selvagem viandante,

E teu último olhar me veio ao coração.

Dizia: “Se puderes que a tua alma aporte

À força de ficar aplicada a pensar,

Até aquele alto grau de uma estoica altivez

O qual, nascido em bosques, eu logo atingi.

Gemer, chorar, orar, tudo é igualmente vil.

Faz energicamente a longa e pesada obra

Pelo caminho onde o destino te chamou,

E depois, como eu, sofre e morre sem falar.”



(Poetas Franceses do Século XIX)


(Ilustração:Oudry Jean Baptiste - 1686-1755 - loup tenant tête à six chiens)


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